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Entre les carreaux et les trèfles, il faut commencer par donner la main à l'adversaire dangereux, donc ouest. Comme cela c'est lui-même qui va couper les communications quand il va rejouer coeur. A trèfle, c'est Ouest le "dangereux", car on verra qu'à carreau c'est plus subtil.

Donc entame prise en Sud, et petit trèfle vers la dame. Ouest plonge du roi et rejoue coeur (as et petit, ça ne servirait à rien de laisser passer, son partenaire n'en a plus ; ceci dit, le problème n'est pas là).

Vous vous attaquez maintenant à l'affranchissement des carreaux sans rendre la main à Ouest (sinon vous ferez -1 : un carreau, un trèfle, et trois coeurs). 

Si les carreaux sont répartis 3-2 avec 3 cartes en Est, pas de souci, Est fera sa dame ou son valet troisième mais ne pourra retrouver son partenaire. 

Mais sur cette donne, ils sont répartis 3-2 avec le valet troisième en Ouest. Mal parti...

C'est le moment d'être galant et de tenter le "baiser à la reine". Vous êtes au mort après le retour coeur, jouez petit carreau, petit en Est, vous prenez de l'as et vous allez au mort à pique. De nouveau petit carreau, Est doit mettre sa dame, et vous la laissez faire sa levée !

Est devra rejouer trèfle ou pique, vous prenez et vous faites tomber le valet de carreau d'ouest. 9 levées.

 

♠ R 7 2
 D V 8
 10 9 5 4
D 5 3

 
♠ ...
 A 10 9 7 3
V 6 3
R ...
   ...
5 4
D 8
...
  ♠ A 6 3
 R 6 2
 A R 7 2
A 10 7
 

Attention au timing

Si vous commencez par les carreaux, joués classiquement A et R, vous rendez la main à Ouest qui gagnera la course : il fera ses 5 levées, valet de carreau, 3 coeurs, après il rejouera pique et vous finirez par donner un trèfle.

Si vous commencez par les carreaux joués en "baiser à la reine", en donnant la main trop tôt à l'adversaire non dangereux, Est : il rejoue coeur, il vous manque toujours une levée, à chercher côté dangereux : vous perdrez encore le roi de trèfle et trois coeurs, un de chute aussi.

Et si le roi de trèfle prend la dame ?

C'est plus stressant et difficile, mais ça peut encore gagner.

Est va aussitôt rejouer coeur. Ouest fait son as et vous remet en main à coeur. Il faut garder l'impasse trèfle pour la fin, sinon il manquerait une remontée au mort pour jouer correctement les carreaux. Vous jouez alors d'abord sur les carreaux, toujours le "baiser à la reine" : petit carreau pour l'as, pique pour le mort, petit carreau pour... la dame d'Est.

Vous prenez le retour pique, vous encaissez l'as de carreau, puis carreau vers le 10 du mort qui sert aussi de rentrée pour finir par l'impasse au valet de trèfle.

En cas de retour trèfle, vous êtes obligé de faire l'impasse au valet (à moins d'intuiter un valet devenu sec en Ouest), si elle rate vous êtes à moins deux. Si elle réussit vous avez vos 9 levées.

Un peu de probas

Pour faire trois levées à carreau sans donner la main à Ouest, le maniement A et R de carreau en espérant Ouest second ou avec un honneur sec est à 39,6%. La manoeuvre "baiser à la reine" fonctionne dans tous ces cas plus la dame seconde en Est (40% de 33,9%), portant le total à 53,1%.

Post-scriptum

Si sur un petit carreau du mort, Est avec la dame seconde la met dès le premier tour, bien sûr on lui laisse, avec l'angoisse de trouver le valet quatrième en Ouest mais on n'y peut pas grand chose. Si c'est avec DV vous perdez une levée de mieux (car ici vous avez le 10) mais ci c'est une feinte avec Dx, vous assurez le contrat.

Il ne faut pas partir de l'as à la première levée carreau, car un Est très inspiré pourrait sacrifier sa dame seconde pour éviter le baiser à la reine (oserai-je écrire : pour éviter de se faire baiser ?) et promouvoir le valet troisième du partenaire. Une variante du "coup de Deschapelles", si je ne m'abuse, du nom d'un champion d'échecs et grand joueur de whist du XIXè siècle.

Il est donc indispensable de partir deux fois du mort vers AR pour réussir ce sympathique baiser.

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