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Cases vacantes

Rappels : cases vacantes, impasse ou répartition

On sait tous qu'avec moins de 9 cartes quand il ne manque que la Dame, on fait l'impasse après un coup de sonde, avec 9 cartes et plus on joue A R. Ceci sauf cas particuliers de main dangereuse, comptage des points qui fait qu'on sait où est la Dame.

C'est la même logique contre le Roi (à 10 cartes : impasse, à 11 cartes : répartition) et le Valet (à 6 cartes : impasse , à 7 cartes : répartition -sauf si le 10 est dans la main courte et ne serait pas exploitable au 4è tour, alors impasse-).

Ce que l'on sait moins, c'est que quand il faut faire l'impasse... il faut vraiment la faire ! La ligne de jeu "impasse" est nettement préférable en termes de probabilités. Quand vous vous préparez à faire l'impasse et que l'adversaire "bien placé" fournit une petite carte, s'il reste deux cartes inconnues, tenter l'impasse vous donne environ 50% de succès, alors que tenter la répartition, seulement 25%. Il n'y a pas photo. S'il y a encore plus de 2 cartes inconnues, par exemple à 8 ou 9 cartes contre le Roi, à 6 ou 7 cartes contre la Dame, c'est encore plus net. (Nota : c'est "environ" car par effet de cases vacantes, il y a un peu plus de chances que les cartes inconnues soient mal placées que bien placées ; mais cela n'est pas suffisant pour changer la conclusion).

A contrario quand il faut jouer la répartition, c'est seulement un peu mieux ; il n'est pas déraisonnable de faire quand même l'impasse quand on a exactement le nombre de cartes (9 pour la Dame) : quelques % de succès en moins (environ 48% par rapport à 52%).

Et surtout il vaut mieux faire l'impasse dès qu'il y a au moins deux "cases vacantes" de plus dans la main soumise à l'impasse. S'il s'agit d'une dame et que l'on possède dans 9 cartes A et R répartis, on peut choisir le côté du coup de sonde de manière à faire l'impasse sur la main avec le plus de "cases vacantes". Celles-ci sont réduites dans les mains adverses dès que l'on a une information sur la répartition des autres couleurs (annonces, jeu de la carte). Il faut imaginer la main de chaque adversaire composée d'une part de cartes que l'on sait être d'une autre couleur, et de cartes totalement inconnues, les "cases vacantes" qui peuvent être de la couleur que l'on essaie de manier.

C'est intéressant lorsqu'il y a à la fois une seule carte inconnue et un déséquilibre de cases vacantes entre les deux mains adverses. Chaque déséquilibre d'une case vacante modifie les chiffres d'environ 2% (cela dépend du nombre de cases vacantes et du nombre total de cartes restantes). Avec une case de déséquilibre, impasse et répartition font match nul. Avec 2, on est à environ 52% pour l'impasse contre 48% pour la répartition. Avec 3 de déséquilibre, environ 54-46, ça commence à se voir.

Et si A et R sont groupés devant la main avec le plus de cases vacantes, pas de chance... Jouez la répartition, sans trop y croire.

Avec le jeu ci-dessous

    

Sans information particulière (ni risque de retour dangereux) jouez normalement par exemple l'As puis petit vers... le Roi (sauf si Nord a défaussé au premier tour, vous faites bien sûr l'impasse contre Sud). Ou bien dans l'autre sens, le Roi puis l'As. Comme vous le mettrez de toute façon, vous pouvez donc partir de l'autre honneur au second tour, ce qui serait le cas si A R sont groupés.

Il y a aussi la "feinte" au second tour de faire croire qu'on va faire l'impasse, pour que l'adversaire qui a encore Dx couvre machinalement. Rien à perdre à essayer, et mettre le gros honneur de toute façon.

Mais si un déséquilibre des mains NS est connu dans d'autres couleurs, typiquement une ouverture majeure, une intervention, à plus forte raison une ouverture de 2 faible, et encore plus un barrage, il faut se préparer à faire l'impasse au second tour contre l'autre main. Par exemple, si vous jouez 3SA après un 2C en Nord, supposez la Dame de trèfle en Sud : As puis petit vers la fourchette RV.

Ceci car il y a beaucoup plus de cases vacantes pour héberger la Dame de trèfle dans la main qui n'a pas affiché une longueur par ailleurs.

Mais inversement, il y a plus de chances que la Dame (2 points) soit dans la main qui s'est manifestée. A vous de peser le pour et le contre ; c'est sans doute différent pour une "vraie" ouverture, une intervention 1/1, un barrage...

Tout ça, c'est bien sûr des probabilités.

Les deux dernières fois où j'ai voulu jouer la théorie : faire l'impasse à la dame avec 9 cartes parce qu'il y avait 2 ou 3 cases vacantes de plus dans une main... j'ai perdu une levée, la dame était seconde et aurait été prise en jouant tranquillement A R. Mauvaise note, mais la satisfaction d'avoir raison.

Mais le week-end dernier, un jour de mauvaise humeur où rien ne marche, j'ai "rusé" et tiré A R alors qu'un adversaire avait ouvert en barrage. Cette fois-là il fallait évidemment faire l'impasse à la Dame contre son partenaire. Tout faux : mauvaise note et pas d'excuse. Comme aurait pu dire Monsieur de la Palisse : Quand on joue contre les probabilités, on peut réussir, mais pas souvent.

Mars 2012, même situation, je joue 4 coeurs après une ouverture adverse de 2 piques à ma gauche. J'ai 9 atouts, 5 chez moi par R9xxx et il y a A V 10 x au mort. Il manque la Dame mais vu la dissymétrie connue chez les adversaires, je prépare une impasse contre mon adversaire de droite. Donc As du mort en coup de sonde, pour constater que la Dame est quatrième, et elle se fera prendre en impasse. Ouf, il y a quand même des fois où on est récompensé !

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